Ainsi Rome n'était pas proprement une monarchie ou une république, mais la tête du corps formé par tous les peuples du Monde.
Si les Espagnols, après la conquête du Mexique et du Pérou, avaient suivi ce plan, ils n'auraient pas été obligés de tout détruire pour tout conserver.
C'est la folie des conquérants de vouloir donner à toutes les peuples leurs lois et leurs coutumes; cela n'est bon à rien; car, dans toute sorte de gouvernement, on est capable d'obéir.
Mais, Rome n'imposant aucunes lois génerales, les peuples n'avaient point entre eux de liaisons dangereuses; ils ne faisaient un corps que par une obéissance commune, et, sans être compatriotes, ils étaient tous romains.
On objectera peut-être que les empires fondés sur les lois des fiefs n'ont jamais été durables, ni puissants. Mais il n'y a rien au Monde de si contradictoire que le plan des Romans et celui des Barbares: et, pour n'en dire qu'un mot: le premier était l'ouvrage de la force; l'autre, de la faiblesse; dans l'un, la sujétion était extréme; dans l'autre, l'indépendance. Dans les pays conquis par les nations germaniques, le pouvoir était dans la main des vassaux; le droit seulement, dans la main du Prince. C'était tout le contraire chez les Romains.
Montesquieu
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Propter Sion non tacebis